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| Sujet: info Hassi Messaoud 29.05.10 10:33 | |
| [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Retour vers le passé. En 1963, le gouvernement algérien décide de s'impliquer dans la construction envisagée par les compagnies pétrolières françaises d'un nouveau pipe-line. Les Français refusent l'intrusion des Algériens, les Algériens posent une série d'obstacles administratifs pour les contrarier et finissent par décider de réaliser eux-mêmes le pipe. "Qu'allez-vous faire avec ce pipe-line, puisque le pétrole est à nous ? Vous aurez un pipe qui ne servira à rien. Ils s'amusaient à nous dire ''qu'allez-vous faire avec votre tube ? et nous nous amusions à leur dire ''nous soufflerons dedans'', la décision de réaliser ce pipe-line a entraîné la création de Sonatrach", raconte Belaïd Abdesselam dans le livre-entretiens, Le hasard et l'Histoire. Le 24 février 1971, les nationalisations des sociétés pétrolières françaises clôturaient, par ce que le jargon de l'époque qualifiait d'"acte de vigueur et de vitalité de la nation et de la révolution", le cycle entamé au lendemain de l'indépendance. L'Algérie exerçait désormais sa souveraineté sur toutes les richesses du pays.
Hassi Messaoud du 19 au 22 février 2001. Dans les bases de vie de Sonatrach, les deux bouts de l'échelle hiérarchique du personnel, chargés des préparatifs de la célébration du trentième anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures sont pris de frénésie. Les grands patrons de Sonatrach-Messaoud ont les traits creusés des grands jours. Les chargés des relations publiques sont déjà exténués, les professionnels de l'accompagnement, de la sécurité, de la préparation logistique s'affairent et appréhendent les inévitables impondérables des grands jours. Des jardiniers plantent de nouveaux palmiers, les manoeuvres passent les dernières retouches de maçonnerie, les électriciens refont les installations électriques des salons VIP, où seront dressés de copieux banquets, les serveurs, les cuisiniers se préparent aux délires orgiaques des grands jours. Les patrons syndicalistes se réunissent à tour de bras, dans les salons réservés aux chakhsiyate, le 24 février est aussi pour l'UGTA un grand jour. Et entre les deux bouts de cette longue échelle hiérarchique de Sonatrach, le gros de l'armée des pétroliers, vaque dans une torpeur mécanique à ses habituelles occupations. Il y a trente ans, l'Algérie a frappé fort en décidant de nationaliser les sociétés pétrolières françaises. La "deuxième fête de l'indépendance" est aujourd'hui en passe d'être ensevelie sous un "projet de loi sur les hydrocarbures" qui s'apprête à arracher à Sonatrach l'humus historique et idéologique de sa création. Cela se fait dans un calme absolu des esprits, comme hébétés. Sur la carte d'invitation aux festivités de cette année, il est écrit, sans ironie aucune : "24 février 71- 24 février 2001... Trente ans. Pour un nouveau départ". Pour les hauts cadres de Sonatrach-Messaoud, le projet de loi est "une très bonne chose" ou n'est "pas encore définitif, ce ne sont que des articles à débattre et à enrichir". Le premier commentaire est de M. Heghoug, responsable des ressources humaines, numéro deux de la zone. Le second commentaire, plus circonspect, celui de
M. Ziada, chef de région, grand patron de Sonatrach-Messaoud. Et si le premier concède que les peurs sourdes, quoique muettes, qu'a engendrées ce projet de loi, "sont d'abord dues aux résistances naturelles face au changement, à l'inconnu", le second préfère s'en tenir au strict présent, aux défis technologiques et de réduction des coûts que se doit de relever Sonatrach. Lapsus involontaire ou délibéré, tous deux continuent à qualifier de "partenaires" les compagnies pétrolières étrangères à qui ce projet de loi ouvre la possibilité de venir concurrencer Sonatrach sur l'exploitation du sous-sol algérien, dans des conditions qui sont loin de privilégier notre compagnie nationale. L'effervescence de cette année-là est plus intense encore que celles des célébrations qui l'ont précédées. Ce n'est probablement pas seulement parce que l'Algérie a bouclé le chiffre rond et ronflant de trente ans de souveraineté économique. C'est aussi peut-être parce qu'il se chuchote partout, que cet anniversaire-là sera rehaussé de la présence d'un invité très spécial : le président Abdelaziz Bouteflika. | |
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