[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Le premier ministre israélien «regrette» les pertes de vies humaines causées par l'intervention de Tsahal contre un bateau pro-palestinien. Il a annnulé sa rencontre prévue mardi avec Barack Obama.
Quelques heures après l'attaque sanglante par un commando israélien d'une flottille d'activistes pro-palestiniens et face à l'indignation de la communauté internationale, le premier ministre israélien réagit. Benyamin Nétanyahou a confié lundi soir regretter «les pertes de vie et la violence qui a eu lieu», lors de l'attaque du bateau amiral turc de la flottille de six navires transportant de l'aide humanitaire vers la bande de Gaza, soumise à un blocus.
Neuf passagers ont été tués dans le raid, selon un dernier bilan de l'armée israélienne, qui évoque sept blessés dans ses rangs. Une ONG turque à Gaza, qui a participé au convoi, parle d'au moins 15 morts parmi les membres de la flottille. La plupart des victimes seraient de nationalité turque. Les six embarcations ont été immobilisées dans le port d'Ashdod. Trente-deux activistes ont été incarcérés. Israël compte expulser les 700 membres de l'opération et ne retiendra en détention que ceux qui refusent de coopérer.
Le chef du gouvernement israélien a toutefois fait valoir la légitimité des actes d'Israël. Les passagers d'une des embarcations «ont délibérément attaqué les soldats, ceux-ci ont été frappés avec des bâtons, battus et poignardés, on a même rapporté des coups de feu, et nos soldats ont dû se défendre pour défendre leurs vies», a insisté le premier ministre, qui a annulé le reste de sa visite au Canada pour rentrer au plus vite en Israël. De même, il a renoncé à s'entretenir mardi avec Barack Obama à Washington.
Deux armes saisies à bord
Lors de sa brève intervention, Benyamin Nétanyahou a dit vouloir remettre l'incident «dans son contexte», affirmant que Hamas cherchait à faire entrer des missiles à Gaza pour tirer «sur les villes, les enfants et les étudiants» israéliens. «Nous cherchons à laisser entrer à Gaza toutes les cargaisons humanitaires, mais nous souhaitons empêcher l'entrée de roquettes, de missiles et d'explosifs. Nous avons réussi à prendre le contrôle pacifiquement sur cinq des six bateaux». Le Navi Marmara , qui a ignoré les ordres de changer de cap, «était le plus grand des navires, avec des centaines de personnes à bord». «Celles-ci n'ont pas coopéré», a précisé le premier ministre.
Armés de bâtons et de couteaux, les occupants auraient offert une vigoureuse résistance à Tsahal, réussissant à faire tomber sur le pont inférieur plusieurs militaires. Equipés de pistolet de paintball, les soldats israéliens assurent avoir utilisé leurs armes à feu lorsqu'ils ont réalisé que les activistes possédaient également des pistolets. Un porte-parole de Tsahal a affirmé que deux armes ont ainsi été saisies. Selon le témoignage d'un des membres du commando recueilli par Haaretz, les activistes ont aussi tenter de s'emparer des armes des soldats. Les organisateurs de l'expédition affirment eux que le commando a ouvert le feu dès l'abordage alors que les navires se trouvaient dans les eaux internationales.
Rumeurs de liens avec al-Qaida
L'ambassadeur d'Israël au Danemark, Arthur Avnon, a révélé lundi que des rumeurs de liens entre la flottille et al-Qaida étaient à l'origine de l'intervention de Tsahal. L'information n'a pas été confirmée pour le moment par des sources officielles israéliennes.
Correspondant du Figaro en Israël, Adrien Jaulmes revient sur les circonstances de l'assaut :
La «flottille de la liberté» avait appareillé dimanche après-midi de Chypre avec à son bord environ 700 militants pro-palestiniens, dont le prix Nobel de la Paix 1976, le Nord-Irlandais Mairead Corrigan Maguire, l'auteur de romans policiers suédois Henning Mankell et des députés européens. Son objectif était d'acheminer 10.000 tonnes d'aide vers Gaza. Benyamin Nétanyahou a affirmé lundi qu'Israël était prêt à faire parvenir ces ressources aux civils de Gaza. Pour autant, il ne saurait être question de lever le blocus imposé au petit territoire.
Israël a élevé son niveau d'alerte
Israël avait prévenu qu'il empêcherait les six bateaux d'atteindre leur destination et expulserait ou emprisonnerait les militants à bord. C'était la neuvième tentative, dont cinq réussies, du mouvement Free Gaza depuis août 2008 pour desserrer l'étau autour de Gaza.
Israël et l'Egypte soumettent la bande de Gaza à un strict blocus depuis l'arrivée au pouvoir en 2007 des islamistes du Hamas. L'Etat hébreu veut empêcher le Hamas de renforcer son arsenal, alors qu'il a déjà tiré des milliers de roquettes de l'autre côte de la frontière. Mais des responsables onusiens et d'organisations humanitaires estiment que c'est l'économie gazaouie qui pâtit de ces mesures.
L'assaut a été condamné par la communauté internationale qui a dénoncé un acte «de barbarie». De nombreux pays, dont l a Turquie, la France et l'Espage ont convoqué les ambassadeurs israéliens dans leurs capitales respectives. Le Conseil de sécurité de l'ONU tient une réunion d'urgence lundi soir sur le Proche-Orient.
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